Journée d’études « Routes, événements, territoires et sécurité »

La convention a pour finalité la coopération dans les domaines de l’enseignement, de la recherche et de l’apprentissage. Dans ce contexte, le laboratoire Dicen et le CRGN, avec les collègues du laboratoire LAPEA d’abord et LMA ensuite, organisent un colloque bi-annuel sur « Sécurité(s) et Territoire(s) »l e. Après deux éditions de succès (2021 et 2023), l’équipe a souhaité faire évoluer le dispositif afin de mieux répondre aux défis de la thématique. Le colloque sera désormais organisé tous les 4 ans et une journée d’études aura lieu en alternance, selon la même périodicité. La journée d’études devient alors le moment pour faire émerger les nouveaux enjeux de la sécurité des territoires, pour aller à la recherche des innovations et fournir le matériel pour faire avancer la réflexion académique.
C’est ce qui s’est produit le 6 novembre dernier à Marseille, quand chercheurs de l’université Gustave Eiffel et du CRGN ont apporté leur expertise en termes de sécurité et partagé avec le public leurs idées et réflexions.
La matinée a été marquée par les interventions de deux chercheurs du CRGN. Laurence Vanin, philosophe titulaire de la Chaire ECOT "Ethique des Crises, des Organisations pour les Territoires" au CRGN, nous a proposé une approché philosophique à la route, vue comme porteur « d’imaginaires et symboliques bien spécifiques » tout au long de l’histoire humaine. La route reste toujours un lieu d’expérimentation où faire converger sécurité de voyageur, gestion efficace du trafic, résistance aux évènements climatiques, etc… Mais alors la question à se poser, sachant que nous sommes toujours dans l’innovation et dans l’implémentation des infrastructures routières, est autour de la soutenabilité. Est-il soutenable de créer certaines routes ou de continuer sans cesse à avancer technologiquement au dépit des territoires ?
Le colonel Bièvre, directeur adjoint du CRGN, a ensuite présenté son étude sur la prévention routière : est-elle encore adaptée aux ambitions de réduction de l'accidentalité ? L’étude part du constat que les objectifs de prévention que l’Etat français s’était fixé avant 2020 n’ont toujours pas été atteints. Afin de comprendre le pourquoi de ce retard, le colonel Bièvre a choisi l’approche orientée usagers et non plus politiques publiques. Cette approche sociologique devrait aussi permettre de réduire la distance avec ces dernières, car le constat est que l’Etat continu à s’appuyer sur des indicateurs techniques alors que l’on sait pertinemment que certains risques ne sont pas liés aux aléas de la mobilité routière mais plutôt à la rationalité de chaque voyageur.

La journée d’études s’est poursuivie l’après-midi avec trois études sur la mobilité des cyclistes et sur les véhicules autonomes.
Aurélie Baret, ingénieure de recherche au LMA a fait un retour sur le projet MOB-AUTO² (MOBilité AUTOmatisée sur AUTOroute connectée) dans lequel elle travaille avec Thierry BELLET, chercheur au Laboratoire LESCOT. Le projet consiste en l’expérimentation, en conditions réelles, de navettes électriques automatisées et connectées, circulant à 80 km/h sur l’autoroute A10. Aurélie Baret nous a présenté les résultats de l’enquête d’Acceptabilité sociétale des navettes automatisées, réalisée lors de la première phase du projet, et nous a anticipé la phase deux qui consistera à évaluer le niveau d’acceptation de la navette automatisée par les usagers après l’avoir expérimenté en condition réelle d’utilisation.
Jean-Yves Fournier, ingénieur d'études LMA, a présenté une étude réalisée avec Frédérique Hernandez, directrice de recherche au LMA, Nicolas Clabaux, chercheur au LMA et Zoé Dubreuil-Szymanski, ingénieure d'études au LMA sur l’évolution de la sécurité des cyclistes suite à la pérennisation des « coronapistes ». Suite à l’augmentation de l’utilisation du vélo depuis la crise du covid, les administrations locales ont aménagé plusieurs pistes cyclables en urgence. L’étude vise à comprendre l’impact de ces « coronapistes » sur la sécurité des cyclistes et elle se concentre sur les villes de Paris et Lyon. L’étude a confirmé une augmentation des accidents vélo dans les rues avec « coronapistes » pérennisées ou d’autres typologies d’aménagement cyclable, alors qu’il y a une baisse dans les rues sans pistes cyclables. Une suite possible de l’étude serait n’analyser l’évolution des accidents sur ces « coronapistes » pendant la crise Covid, au moment où le trafic automobile était très faible.
Thierry Serre, directeur de recherche au LMA a présenté l’étude Electromobilité légère en conduite naturelle – Liens entre situations à risque et incidents dynamiques, qu’il a réalisé avec Claire Naude, ingénieure de Recherche au LMA. L’augmentation de l’électromobilité légère et des accidents qui y sont liés, a rendu nécessaire cette étude. L’objectif est de comprendre les comportements et les risques des usagers de l’électromobilité. Mené dans les régions Paca, Aura et Ile-de-France, le travail a permis d’identifier les situations à risque complémentaires et de les cartographier. La prochaine étape de l’étude sera celle d’analyser les zones d’accumulation d’incidents et situations à risque pour en comprendre les causes.
Les questions au cours de la matinée, ainsi que les échanges finaux à la suite des différentes présentations, ont enrichi le débat et fait avancer la réflexion sur la notion de sécurité.
L’équipe organisatrice va bientôt se remettre à l’œuvre pour préparer le troisième colloque « Sécurités et Territoires » qui aura lieu en 2027.

Publié le 17 novembre 2025.