Retour sur l'événement ONDES sur les discriminations à l’encontre des femmes voilées dans l’accès à l’apprentissage
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Le rapport d’étude a été présenté par Yannick L’Horty, professeur d’économie et directeur de l’ONDES, et Amynata Bagayoko, étudiante en Master 2 Data Analyst à l’Université Gustave Eiffel.
L’objectif de cette étude est de mesurer les pénalités associées au port du voile sur le marché du travail français, qui correspond à un signal de forte intensité d’affiliation et de pratique religieuse pour les femmes musulmanes. La méthode utilisée est celle du test par correspondance (aussi appelé testing) et le domaine couvert est celui de l’accès à un contrat d’apprentissage pour des jeunes femmes en première année de BTS Comptabilité-Gestion, correspondant à un contrat de travail de courte durée où les discriminations devraient être a priori minorées. En mars 2024, des paires de candidates fictives, aléatoirement voilées et non voilées sur la photographie d’identité figurant sur leur CV, ont candidaté à des postes d’apprentie comptable auprès d’un échantillon aléatoire de 2000 PME parisiennes de tous secteurs d’activité. Deux candidates signalent une origine française par la consonance de leur prénom et de leur nom de famille tandis que deux autres candidates signalent une origine maghrébine, ce qui permet d’observer une éventuelle différence dans l’effet du port du voile en fonction de l’origine.
L’étude met en avant l’absence de discrimination selon l’origine des candidates. En revanche, le voile est associé à une forte pénalité dans l’accès à un contrat d’apprentissage : il augmente de 25 % la part des réponses négatives, diminue de plus de 30 % la part des réponses non-négatives et abaisse de plus de 80 % les chances de recevoir une réponse positive. L’une des conclusions de l’étude est qu’en matière de discrimination sur le marché du travail, il convient de distinguer les pénalités associées à l’origine et celles associées à la religion, qui peuvent se cumuler ou se compenser selon les situations.
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La présentation de l’étude a été suivie d’une table ronde, animée par Hanane Karimi, maîtresse de conférences en sociologie (Université de Strasbourg, Laboratoire LinCS), avec la participation de :
- Émilie Bourgeat, chargée de mission Discriminations liées à l’origine et à la religion au Défenseur des Droits ;
- Assadiallo Doucoure, co-présidente de l’association Lallab ;
- Clémentine Elfasci et Zélie Héran, membres du pôle juridique de l’association SOS Racisme.
Après un rappel du cadre juridique et réglementaire concernant la laïcité sur le marché du travail, et en particulier dans le secteur privé, les différentes intervenantes sont revenues sur les résultats de l’étude et sur les liens qu’elles pouvaient faire avec leurs expériences de terrain. Elles ont également détaillé leurs différents niveaux d’action face aux discriminations dans l’accès à l’apprentissage et à l’emploi, en rappelant notamment comment effectuer des saisines et avoir recours au droit.
Retrouvez le rapport d'étude complet