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Madatlas : la cartographie numérique se déploie à Madagascar

Ambitieux projet lancé en 2021, Madatlas a pour objectif la construction d’une filière de formation LMD en cartographie numérique à l’Université de Fianarantsoa. Pour que les Malgaches deviennent les acteurs de la création d’un atlas numérique de l’île, Madatlas a ainsi donné naissance à des formations, des recherches et des partenariats entre l’équipe de recherche de l’Université Gustave Eiffel et une multiplicité d’acteurs locaux.

« À l’origine de ce projet, il y avait la volonté de créer un atlas en ligne de Madagascar. Un outil numérique, alimenté et mis à jour sur le temps long » rappelle Sophie Moreau, géographe et coordinatrice du projet Madatlas, porté par l’Université Gustave Eiffel et l’Université de Fianarantsoa, en partenariat avec l’Institut de Recherche pour le Développement et l’Université Bordeaux Montaigne.

Dès les premières ébauches de ce projet lancé en 2021, la réalisation de l’atlas est devenue l’épine dorsale d’une plus large coopération internationale où les mondes de l’université, de la recherche, de la formation, de l’entreprise et des institutions publiques s’entrecroisent et s’enrichissent continuellement.

 

 

Cartographier Madagascar ? L’enjeu est de taille, car la cartographie est aujourd’hui un outil essentiel de planification et d’aménagement du territoire. Et qui dit cartographie numérique dit récolte et traitement de données avec des outils informatiques adaptés, pour la création de cartes dynamiques et actualisées. Réseaux d’eau potable, entretien des routes, zones sensibles aux sécheresses et incendies, crues et catastrophes naturelles, inégalités sociales ou de genres… La cartographie s’alimente de données variées, qui permettent aux chercheurs français et malgaches de proposer des outils d’analyse et d’aide à la décision pertinents dans tous ces domaines du développement durable de Madagascar.

Au-delà des cartes : la formation de futurs professionnels

Bien vite, une évidence s’est imposée à l’équipe porteuse de Madatlas : « Une façon de produire des cartes était de renforcer la formation des acteurs malgaches – étudiants, enseignants, chercheurs et professionnels – sur toutes les étapes de la fabrique cartographique » raconte Sophie Moreau.

Andry Razakamanantsoa, membre de Madatlas et directeur adjoint du laboratoire Géomatériaux, Interactions Environnementales (GIE) à l’Université Gustave Eiffel, confirme : « L’ambition est d’assurer la pérennité du travail mené, afin que le projet continue même si nous ne sommes plus là. En tant que chercheurs nous profitons de cette opportunité pour mettre en place des structures pérennes et compatibles avec la réalité du pays, sans être forcément calquées sur ce que nous avons en France. » 

Renforcer la formation des acteurs malgaches sur toutes les étapes de la fabrique cartographique.

En plus d’un travail d’élaboration d’une charte de l’équité et de genre dans le cadre du financement du projet par l’Agence Française pour le Développement, d’un volet recherche et d’un autre consacré aux liens avec les professionnels, le cœur du projet Madatlas, c’est la formation. Mise en place d’un parcours LMD (Licence-Master-Doctorat) et de formations professionnelles, accompagnement d’une douzaine de doctorants : tout vise à faire des actuels étudiants et professionnels malgaches les cartographes de demain. Les partenariats avec les entreprises locales et les institutions publiques sont aussi encouragés, pour favoriser l’emploi des jeunes chercheurs tout en renforçant les liens entre les acteurs du développement malgache.

C’est dans cet esprit que s’est déroulée la première université d’été Madatlas, du 22 au 30 avril dernier à l’Université de Fianarantsoa. La semaine de travail et d’échanges entre professionnels, doctorants et chercheurs malgaches et français a aussi donné lieu aux premiers états généraux de la cartographie collaborative avec « State of the Map Madagascar » via l’outil de cartographie Open Street Map (OSM). Une manière de mettre en valeur le travail mené par les Malgaches, d’ores et déjà acteurs de la cartographie de leur île à travers OSM.

 

 

Collaboration et co-construction, mots-clés d’un projet bien engagé

 

Pour les chercheurs de l’Université Gustave Eiffel comme pour ses personnels administratifs et leurs interlocuteurs malgache, la bonne surprise de Madatlas est l’apprentissage réciproque. « Je suis géographe mais je travaille pour Madatlas avec des informaticiens, des anthropologues, des ingénieurs… Et même si coordonner l’action entre plusieurs laboratoires aux habitudes différentes n’est pas toujours simple, c’est passionnant ! » confie Sophie Moreau.

À l’interdisciplinarité s’ajoute l’interculturalité, évoquée par Andry Razakamanantsoa : « Ce n’est pas toujours facile d’adapter nos pratiques européennes aux réalités du terrain, et à nos habitudes socioculturelles de part et d’autre ». Mais la motivation et l’envie d’avancer ensemble permet à l’équipe de Madatlas de surmonter ces difficultés, avec un objectif : doter Madagascar d’un atlas et d’un réseau de scientifiques et de professionnels qui en seront les constructeurs.

 

 


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