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Logistique du premier et du dernier kilomètre : vers une décarbonation des modes de livraison en milieu urbain

En avril dernier, Antoine Robichet, François Combes et Patrick Nierat se sont vus remettre le prix de la meilleure publication scientifique en supply chain durable 2023 par France Supply Chain. Intitulé « First ans last Miles by cargo-bikes : ecological commitment or economically feasible ? The case of a Parcel Service Company in Paris », leur article interroge la pertinence économique de la livraison en vélo-cargo via une expérimentation de deux mois dans Paris intra-muros.

Adapter les modes de livraison aux objectifs zéro carbone

En France, l’industrie du transport est responsable d’environ 30% des émissions de gaz à effet de serre. Bien que sur l’ensemble des autres secteurs, une tendance à la baisse est observée en 2019 par rapport au niveau de 1990, le transport routier (fret et voyageur) a quant à lui augmenté de 10%.

Ce constat pousse nos trois chercheurs du SPLOTT (Systèmes productifs, logistique, organisation des transports et travail) à s’interroger sur le sujet et plus particulièrement sur l’implication de la cyclologistique lors de la livraison du premier et du dernier kilomètre en milieu urbain. À travers leur publication, les auteurs démontrent la rentabilité de cette pratique qui, en plus d’avoir des avantages écologiques non négligeables, s’avère être plus efficace et plus économe que l’organisation traditionnelle de la chaine de transport en milieu urbain.

L’article en question exploite des données réelles récoltées en 2018, correspondant à deux mois de livraisons dans Paris intra-muros effectuées par la société DB Schenker (soit 600 000 opérations avec un poids moyen de 88 kg). Il synthétise la comparaison de deux modes d’exploitation sur les deux hubs existants du prestataire au nord et au sud de la capitale :

  • l’un mobilisant uniquement des véhicule utilitaires légers (VUL) électriques en tournée classique
  • l’autre impliquant des vélos-cargo a assistance électrique gravitant autour de micro-hubs situés dans les arrondissements, eux-mêmes approvisionnés par des VUL électriques.

Les résultats de l’étude soulignent la compétitivité du second modèle pour les zones à forte concentration de livraison.

Un premier pas vers la modification de nos habitudes de consommation

Si les transformations des modes de livraisons constituent une bonne alternative pour amener l’industrie du transport routier sur la voie de la décarbonation, cette pratique soulève des questions sous-jacentes liées à la logistique. En effet, malgré la mise en place de vélos-cargo ne se soustraie pas à l’utilisation de camions pour alimenter les micro-hub et pour opérer des livraisons de colis trop volumineux. La bonne solution résiderait peut-être dans la mise en place d’une flotte mixte.

Au-delà de l’aspect logistique, l’étude amène le lecteur à interroger ses propres habitudes de consommation en insistant sur le fait que le consommateur final est le créateur de la demande du e-commerce et des flux associés.