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Béton recyclé : une opportunité pour la reconstruction de l’Ukraine

Les contextes géopolitiques et climatiques actuels amènent à repenser l’usage et la production de certains matériaux à fort impact écologique comme le béton. Le recours au béton recyclé représente un énorme potentiel dans la reconstruction des régions affectées par des démolitions partielles ou totales de bâtiments, notamment dans des situations d’après-guerre.

 

Emmanuel Keita chercheur au Laboratoire Navier et Nicolas Roussel, chercheur au Laboratoire CPDM (Comportement Physio-chimique et Durabilité), co-écrivent l’article « Challenges in material recycling for post-war reconstruction », en lien avec Vyacheslav V. Troyan chercheur invité à l’ETH Zurich.

Une solution pour reconstruire de façon plus durable
 

La production de ciment est une source importante de CO2 dans le monde (5 à 7% des émissions totales), ce qui fait du béton un matériau de construction avec une empreinte carbone conséquente.

Alors que la fabrication de béton recyclé demande la même quantité de ciment que le béton conventionnel, l’objectif n’est évidemment pas de réduire l’empreinte carbone mais bien de trouver une solution pour optimiser les flux de matériaux.

À travers leur article, nos chercheurs démontrent que le recyclage du béton sera amené à jouer un rôle déterminant dans le remplacement des parcs immobiliers. En mettant l’accent sur ces concepts, ils nous aident à comprendre les implications réglementaires d’une telle utilisation et définissent des solutions efficaces pour développer l’emploi du béton recyclé dans les zones frappées par la guerre avec des exemples actuels comme l’Ukraine.

Une méthode rendue fiable par des expérimentations récentes

 

Quand les bâtiments sont démolis, les matériaux qui en sont issus finissent dans des décharges de déchets de construction. En parallèle, lorsque que nouveaux bâtiments sont construits avec du béton conventionnel, il est nécessaire d’extraire des pierres de dimension réduites (produites par la cassure d’autres éléments) que l’on qualifie de « concassées ».

Afin de réduire l’extraction de ces pierres, la solution serait de réutiliser une partie des déchets de démolition pour alimenter les projets de construction ou de reconstruction.

Cependant, l’utilisation du béton recyclé a ses limites. En effet, de par sa composition, il a une durée de vie plus courte et est moins résistant à l’eau, aux sels et à l’atmosphère.

Ces aléas sont dus au fait que la surface du matériau recyclé broyé est constituée de mortier de ciment du béton d’origine qui absorbe le liquide.

Pour contrer ce problème, plusieurs méthodes ont été développées ces dernières années pour prétraiter les déchets de démolition, notamment en les pré-humidifiant avec de l'eau ou en les traitant avec de la chaleur, de l'acide ou des micro-ondes.

L’étude souligne que le simple prémouillage des déchets de démolition avec de l'eau apporte déjà de grands avantages. Pour la reconstruction en Ukraine, il s'agit d'une solution efficace et viable qui peut atténuer les immenses besoins en ressources des autres approches.